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Faire reconnaître son diplôme d’orthoptiste français au Canada : un parcours du combattant

  • Photo du rédacteur: Sacha Delamarre
    Sacha Delamarre
  • 19 avr.
  • 3 min de lecture

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S’installer au Canada en tant qu’orthoptiste, c’est bien plus qu’un simple changement de décor : c’est un véritable parcours à obstacles. Ceux qui pensent que l’expérience et le diplôme français suffisent à exercer se heurtent rapidement à une réalité bien différente. Obtenir la certification canadienne est un processus exigeant, stressant et très normé, qui demande une préparation sérieuse — autant sur le plan théorique que pratique.



Un examen au niveau des étudiants canadiens


La première chose à savoir, c’est que l’examen de certification canadien n’est pas adapté aux professionnels étrangers. Il est le même que celui imposé aux étudiants canadiens en fin de cursus, ce qui implique non seulement une mise à niveau sur le contenu, mais aussi une adaptation à un système d’enseignement et à une terminologie différente.


Concrètement, l’examen comprend :



1. Une épreuve écrite de 3 heures

150 questions à choix multiples ou vrai/faux.

• Couvre l’ensemble du programme d’orthoptie, incluant la neurologie, la pédiatrie, la strabologie, la rééducation, etc.

• Aucun accès aux annales. La structure est dense et rapide — 1 question toutes les 72 secondes.



2. Une épreuve pratique sur un patient

• Il faut démontrer sa capacité à réaliser un examen complet de façon rigoureuse, claire, et sécuritaire.

• L’évaluateur juge l’approche clinique, la maîtrise des tests (prismes, vergences, poursuite, saccades…), ainsi que la communication avec le patient.



3. Une épreuve orale sur photos

• Le candidat doit interpréter des images cliniques (strabismes, pathologies oculaires, examens complémentaires).

• Le but : poser des diagnostics, proposer une prise en charge et justifier ses choix en temps réel devant le jury.



4. Une rétinoscopie sur un patient

• Exercice technique : il faut déterminer la réfraction exacte d’un patient en rétinoscopie manuelle.

• Pas de marge d’erreur tolérée : le résultat doit être juste, reproductible, et argumenté.



5. Une présentation orale (exposé)

• Il s’agit de présenter un cas clinique, une recherche, ou une revue de littérature.

• Le candidat est jugé sur la structure de son exposé, sa pertinence scientifique, et sa capacité à répondre aux questions du jury.



Objectif : 70 % minimum par épreuve


Le plus difficile, c’est que chaque épreuve doit être réussie individuellement avec une note d’au moins 70 %. Aucun rattrapage global : échouer à une seule partie signifie recommencer la session, voire attendre l’année suivante.



Un défi autant psychologique que technique


Pour un orthoptiste français habitué à travailler en cabinet, cette évaluation peut paraître déstabilisante. Les référentiels ne sont pas les mêmes, les termes médicaux sont parfois différents, et la pression est énorme. Il ne s’agit pas seulement de prouver qu’on sait travailler, mais de réussir un examen calibré pour des étudiants fraîchement formés, sur des critères très académiques.



Et pourtant…


Malgré tout, réussir cet examen est possible. Avec une préparation rigoureuse, un bon accompagnement, et un vrai travail de traduction culturelle et médicale, on peut relever le défi. De nombreux orthoptistes français l’ont fait — souvent après plusieurs mois (voire années) de préparation, de stages d’observation, et de formation continue.


C’est une étape exigeante, oui. Mais une fois franchie, elle ouvre les portes d’un exercice riche, autonome et valorisé au Canada — dans un système où l’orthoptie a une vraie reconnaissance et de belles perspectives.

 
 
 

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